vendredi 26 décembre 2014

Temoignage

La technologie mobile face aux règlementations du moyen âge du secteur financier en Tunisie


Cela fut une lutte acharnée pour l’expatrié tunisien Ramzi El Fekih à son retour, pour faire démarrer son activité bancaire par téléphone mobile, Viamobile. Tout d'abord, il lui a fallu trouver une banque locale avec qui faire équipe. Conformément à la législation tunisienne actuelle, les services bancaires mobiles ne peuvent être fournis que par l'intermédiaire d'une banque.

Contrairement à l’Europe, ou encore la République Arabe d’Egypte, la Jordanie ou le Maroc, le cadre juridique tunisien en la matière est complètement dépassé par rapport aux développements technologiques étranger, nous explique El Fekih.

Viamobile permet aux clients d'ouvrir des comptes auxquels ils peuvent accéder à partir de leurs téléphones mobiles. En plus des populations urbaines très occupées, il espère attirer les personnes vivant dans les zones rurales qui ouvrent un compte bancaire pour la première fois. Partout où ils ont été mis en place les services bancaires mobiles ont été bénéfiques pour les consommateurs et les détaillants en particulier dans les régions rurales et éloignées, parmi les moins bien desservies par les systèmes bancaires traditionnels.

Idéalement son réseau de distribution ne se déploierait pas à travers une banque classique avec pignon sur rue, dit El Fekih. «Un système de paiement mobile doit être présent partout - ce qui n'est pas le modèle bancaire classique. Nos prix ne sont pas chers, et la seule façon pour être rentables est de faire du volume. ».

Après avoir sécurisé le partenariat de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), une des principales banques du secteur privé du pays, la société d’El Fekih, Creova se prépara à démarrer le service en 2009. Le lancement prévu a attiré l'attention de Sakhr El Materi, gendre du président dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Il se raconte dans les milieux financiers tunisiens qu’El Materi avait prévu un service de banque mobile pour sa propre Banque Zitouna. Trois semaines avant le lancement prévu de Viamobile, la BIAT a été notifiée par la Banque Centrale et c'est dirigeant qu’elle ne devait pas poursuivre le démarrage de l’activité jusqu'à nouvel ordre. Aucune raison n'a été donnée par les responsables, El Fekih dit : « Nous avions tout fait dans les règles de l’art, donc il n'y avait donc aucune raison de l'arrêter. Nous savions qu’il se tramait quelque chose. »

La Banque Centrale a promis à plusieurs reprises une clarification, qui n'a jamais été donnée. Ce n'est qu'après la révolution de 2011 qui a brusquement mis fin à l'influence des milieux d'affaires proches de la famille Ben Ali, y compris la confiscation et la vente de la Banque Zitouna, que la Banque Centrale a finalement donné le feu vert à Viamobile.

Cependant « Le canal de distribution demeure un obstacle majeur encore. C'est notre plus grande plainte des utilisateurs », explique El Fekih. En 2012, des fonctionnaires du Ministère de la Technologie et de la Banque Centrale se sont réunis pour trouver une solution pour les paiements mobiles. L’une des idées a été de mettre la distribution et la vente entre les mains de personnes approuvées qui seraient des agents certifiés, a déclaré El Fekih. Mais encore une fois, il n’y a eu aucune communication sur la réflexion des officiels, et il n'est pas sûr de savoir où en sont les choses.

La Société Monétique de Tunisie, qui est détenue par les principales banques du pays et dispose d'un monopole exclusif sur le traitement des paiements par carte de crédit, ne devrait pas voir son chiffre d'affaires miné par Viamobile, déclare El Fekih. «Je vois Viamobile comme un service complémentaire, parce que les utilisateurs ont accès à une carte de crédit émise par la BIAT. »

Il estime que les ventes de Creova, avec moins de 1 million de dinars (environ $625,000) en 2013, aurait pu être le double de cela si la question de la répartition avait été résolue. En fait, les experts du secteur financier estiment que la banque mobile a un grand potentiel en Tunisie et que dans trois à cinq ans elle pourrait atteindre plus d’un million de personnes non-bancarisées et générer plus de 1 milliard de dollars en transactions.

Les règlements n'ont pas changé depuis la révolution. La volonté de changer est absente. Les choses sont encore coincées et dépassé par des responsable qui ne comprenne rien.

dimanche 14 décembre 2014

Aperçu de la performance du secteur des télécom en Tunisie

Télécom en Tunisie

Alors que la Tunisie ambitionne de devenir un acteur compétitif dans le marché mondial, les
consommateurs et le secteur privé tunisiens font face aux coûts les plus élevés au monde pour les
communications. La référence pour les appels « Skype Out » (qui reflètent généralement les prix les
plus compétitifs pour les télécommunications internationales) montre qu'un appel international entrant en Tunisie coûte US$ 0,40/minute - presque vingt fois le prix du marché international et environ deux fois le prix payé dans les pays de la région MENA voisins (Le Maroc est de 0,25 $, l'Algérie, l’Egypte et la Libye sont entre US$ 0,15 cents et 0,20 US$, la Turquie est à US$ 0,04 ; la France est de 0,02 US$.
Par exemple, un appel de Paris à Tunis est 11 fois plus cher qu'un appel de Paris à Istanbul (la Turquie étant un modèle de réussite de la réforme). Les prix des appels internationaux sortants, sont un peu moins chers, mais restent plus de dix fois supérieurs aux prix internationaux de référence. En conséquence, les tunisiens évitent de communiquer par appels internationaux : les minutes d’appels internationaux par habitant en Tunisie n’atteignent que la moitié de la moyenne de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), ils sont 7 fois plus bas que la moyenne de la région MENA et 3 fois moins que la moyenne de l’Europe de l'Est en minutes d'appels internationaux



Statistiques comparatives sur les communications internationales


En outre, les communications internationales de et vers la Tunisie stagnent, alors qu’elles augmentent
dans d'autres pays, qui les utilisent comme un comme un outil naturel pour une meilleure intégration
de leurs économies dans le marché mondial. Encore une fois, la raison principale est le coût élevé
des appels internationaux en raison du monopole en Tunisie, alors que la région MENA et de l'UMA
ont commencé la libéralisation du secteur en 2006. De même, malgré les prix élevés facturés aux
consommateurs pour les services ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line, ADSL), la couverture reste limitée et de faible qualité, ce qui a freiné le développement de l'ADSL.
Même avec un revenu par habitant beaucoup plus faible que la Tunisie, l'Egypte et le Maroc et sont
mieux positionnés pour devenir des plateformes régionales dans le secteur, avec respectivement trois
et sept opérateurs. Ces chiffres sont encore beaucoup plus faibles par rapport aux pays plus intégrés
comme l’Europe de l'Est (10 fournisseurs par pays en moyenne)

Les prix élevés des communications découragent l’investissement direct étranger (IDE), le commerce et l'intégration régionale et sont particulièrement dommageables pour la compétitivité de technologies de l’information et des communications (TIC) et l’offshoring des services, ils portent aussi des coûts sociaux pour les tunisiens résidents en Tunisie et à l’étranger.